samedi 31 décembre 2011

Public Image Ltd : Image Publique S.A.

Cette fois, on s'attaque à du lourd. Pensez-vous ! Le groupe fondé par John Lydon, en 1978, alors que, à peine quelques mois auparavant, ce dernier braillait dans le bateau ivre dénommé Sex Pistols. On reviendra à un autre moment sur ces derniers. Ce qui nous intéresse ici, c'est d'identifier ce moment où une frontière a été franchie, où de nouveaux horizons musicaux ont vu le jour.

P.I.L. : « a groundbreaking band ». Dès l'écoute du premier morceau du LP first issue, Theme, plus de neuf minutes de guitare tordue, basse pesante, assaisonnée de batterie qui pilonne le panorama, avec John Lydon et sa voix chargée en auto-malédiction, répétant à l'envi qu'il souhaite mourir (pour des raisons somme toute très ordinaires), nous sommes collés au fauteuil, les yeux grands ouverts, forcés de contempler l'athanor alchimique qui transmute le plomb et sa lourdeur en un or verdâtre chargé de fiel. Et ce n'est pas fini.

Un disque pareil ne sortirait pas de nos jours : trop de religion dans l'air, trop d'intolérance parée des vertus du langage raisonnable, de sa dialectique casseuse de briques, et qui met en avant le soit-disant respect pour entretenir l'odieux. La novlangue où liberté égale esclavage semble vivre son acmé.

Pour être sûr que chacun a bien compris le sens du texte, celui-ci est exprimé à haute et intelligible voix (Religion I). Ensuite, il est mis en musique (Religion II). Après écoute, eh bien, tout le monde a compris ! Après un tel moment de blasphème horrifique (bien que l'on soit loin de Georges Bataille tout de même !), mais salutaire, on repart avec Annalisa dans le marteau-pilon sans maître : le déchainement total. On est aplati par l'énergie et ce titre fait vraiment passer l'album des Pistols pour du vulgaire rock'n'roll ancré dans un passé totalement révolu ! Y aurait-il mieux que le chaos finalement ?

Les titres Public Image, Attack, Low Life, plus ramassés, envoient plus de fusées que les orgues de Staline sur Berlin : nous avons droit au focus nécessaire sur l’antagonisme Rotten/Lydon, et la mise plus bas que terre de Malcolm Mc Laren (jamais cité) part one, et part two. En fait, John Lydon nous dit : « Maintenant vous allez voir qui je suis ! ». Irréductible aux choix d'un manager mégalomane, je récupère tout : image, liberté de penser, possibilités créatrices... Et j'irai plus loin ! Et je survivrai ! (ce qu'il a finalement fait). Fodderstompf vient utilement rappeler que le groupe sait profiter des majors du disque, ah, ah !

En faisant équipe avec Keith Levene et Jah Wobble respectivement à la guitare et à la basse, Lydon a eu du flair : ceux-là trainaient avec lui depuis un petit moment déjà, et il a su les agréger dans son projet, bien que l'alliage soit assez instable... En effet, Wobble, bientôt, prendra son envol et sa basse ira conquérir d'autres territoires musicaux... Le troisième opus de P.I.L. viendra consacrer ce divorce.

Nous n'en sommes pas là : en 1978, l'album de P.I.L. first issue vient d'emblée de broyer les critères habituels appliqués à un disque de rock. The metal box prendra ensuite le relai et consacrera le parti pris de Lydon et consorts. Il y a ici un avant et un après. Et beaucoup ne s'en sont pas remis. Mais beaucoup ont aussi écouté, assimilé, et compris qu'il fallait désormais faire autre chose, pour réjouir nos ouïes !

T.-R.
 
Sources : fiables, comme d'habitude...




lundi 19 décembre 2011

The Mekons : punk de campagne






Observons la pochette intérieure du premier album de Gang of Four. On y trouve écrit, en cherchant bien : « Hello to Mekons ». Voici pourquoi.

Acte premier : un groupe de joyeux drilles envahit le local de répétition des Gang of Four, prennent leurs instruments et jouent ce qui leur passe par la tête.

Acte second : cette improvisation collective est l'évènement fondateur des Mekons.

Il y a bien un troisième acte : après deux 45t remarqués, ils sortent cet album "The quality of mercy is strnen". Et bien que se revendiquant totalement du mouvement punk (on ne sait pas jouer ; ce qu'on fait, tout le monde peut le faire ; non aux égos boursouflés, nous sommes un collectif...) leur album arrive trop tard. Deux ans se sont écoulés. Nous sommes en 1979.

L'heure est au foisonnement musical et plus personne ne veut se définir frontalement (comme punk ou quoi que ce soit) : expérimentation électronique, maîtrise du son, frénésie de l'apparence, "néo-romantisme", new wave, impriment leurs petites marques dans nos galaxies auriculaires... Beaucoup de groupes ont déjà signé chez les Majors du disque et leurs origines bruyantes et colériques sont renvoyées à la jeunesse qui passe... Les Mekons signeront chez Virgin pour cet album "The quality of mercy is strnen", sans renier leur côté libertaire.

Mais la musique, décalée pour les standards de l'époque, ne retiendra que l'attention des fans. Pouce en l'air pour la pochette de l'album, qui est une magnifique mise en scène du paradoxe du singe savant1. Un singe touchant presque au but, d’ailleurs...

Une musique assez brute, sans production écrasante, mais dans laquelle on remarque de légères parentés avec leurs complices de Gang of Four (les choeurs dans Like Spoons No More), des liens avec le post-punk de Scritti Politti (dans le titre Rosanne par exemple, où la guitare nous fait des petites notes très post-punk si l'on peut dire), et aussi de la vraie sensibilité (Why doesn't it rain when I'm sad...dans Lonely and Sad -tout un programme !), enfin, autant de petits portraits d'un punk de campagne, la croûte du dessus craquante, la mie un peu bise, un goût inimitable.

L'oreille attentive pourra aussi déceler quelques notes erratiques de piano, du violon, une ligne synthé, des petites choses à la Raincoats, quoi, prouvant une aspiration à l'ouverture, et donnant relief et étrangeté à la démarche. Enfin, il est aisé de voir en ce groupe une des influences du Wedding Present (avec Gang of Four également) des débuts, qui lui sera très frénétique dans le genre !

Par la suite, les Mekons se lanceront vraiment dans le country/folk, à leur manière, et le résultat, bien éloigné de « The quality... » leur vaudra plus de reconnaissance que leurs premiers opus, et notamment aux Etats-Unis, comme quoi...


Note 1- Paradoxe du singe savant : une infinité de singes tapant à la machine, dans un période de temps tendant vers l'infini, arrivera probablement à réécrire une pièce de Shakespeare (la phrase sonne très 20e siècle, à cause de la machine à écrire, bien sûr, mais on peut mettre cette proposition en formules de probabilités, et là, ça ne rigole pas!)


Sources : Dictionnaire du Rock -sous la direction de M. Assayas - coll. Bouquins-Robert Laffont 2000) /–/ Rip it up & start again (S. Reynolds) – trad. Ed. Allia 2007

Allez, suffisamment causé ! Y faut danser maintenant !
 
T.-R.

dimanche 11 décembre 2011

Le Fou

La lune peignait ses cheveux avec un démêloir d'ébène qui argentait d'une pluie de vers luisant les collines, les prés et les bois.

Scarbo, gnome dont les trésors foisonnent, vannait sur mon toit, au cri de la girouette, ducats et florins qui sautaient en cadence, les pièces fausses jonchant la rue.

Comme ricana le fou qui vague, chaque nuit, par la cité déserte, un œil à la lune et l'autre – crevé !

- « Foin de la lune ! Grommela-t-il, ramassant les jetons du diable, j'achèterai le pilori pour m'y chauffer au soleil ! »

Mais c'était toujours la lune, la lune qui se couchait. - Et Scarbo monnoyait sourdement dans ma cave ducats et florins à coup de balancier.

Tandis que, les deux cornes en avant, un limaçon qu'avait égaré la nuit, cherchait sa route sur mes vitraux lumineux.

 Aloysius Bertrand in Gaspard de la Nuit - nrf - 
poésie / Gallimard, p. 137




samedi 3 décembre 2011

Secrets de la Mer Rouge – Crossing the Red Sea with the Adverts


Bonjour ! Je vous présente le seul membre du fan-club des Adverts en France ! Un ami me présentait ainsi, quand je trainais mes guêtres et mon magnétophone à K7 à la fac, il y a... Pas mal de temps. The Adverts. Tout ce que je connaissais d'eux, au départ c'était ce qu'en avait dit J.-F. Bizot, dans l'almanach Actuel 1978 (une référence dans mes inclinations pour le mouvement punk), un article d'ailleurs sous-titré : "l'interview la plus courte de ma vie". L'hyper-espace s'ouvrait devant moi.

Les Adverts avaient une bassiste, Gaye Advert, et j'ai longtemps médité sur les photos d'elle placées au dos de la pochette de leur LP "Crossing the Red Sea ith the Adverts". Juste à cause de l'image dégagée par son blouson, constellé de badges, sans oublier ce flyer "Iggy Pop" collé sur une de ses manches.

Les Adverts furent-ils un arrogant petit groupe, comme bien d'autres groupes punks en 1977 ? Leur manager interdit à Bizot d'assister à une répétition du groupe en sortant le prétexte suivant : - Vous croyez qu'on assiste aux répétitions des Stones ? (on appelle ça : syndrome de la grosse tête). Bizot ne commente pas l'interview plutôt nulle qui a suivi, avec Tim TV (TV Smith), le chanteur, ce dernier refusant de dire quoi que ce soit au journaliste (on dirait de nos jours qu'il ne voulait pas jouer le jeu des médias !).

Mais par ailleurs, Bizot décrit bien ce manager, comme un type voulant se faire une réputation et de l'argent sur le dos des musiciens, d'où la politique de communication impulsée : ne rien dire d'important, provoquer, etc. Après les Pistols et les mises en scène de Malcolm Mc Laren, il est évident qu'il essayait de prendre le train en marche...

Restent les chansons : elles ont échappé au plan de carrière ! Elles sont magnifiquement punks, électriquement vivantes, et au final te remuent les tripes parce que 1977, c'est ça, on y est ! Et le point de départ, premier titre, One Chord Wonders, présente juste la perspective ouverte par le punk : tu ne sais pas jouer plus qu'un accord, mais tu joues quand même devant un public ! Purement fondateur !

TV Smith est un magnifique songwriter : il se paie le luxe de voir "Crossing the red sea..." devenir le joyaux rare et injustement oublié de l'époque punk, loin des couches de guitares de Never Mind the Bollocks et un poil meilleur que le premier album des Clash ! Avec des textes finement écrits, en prise avec la névrose sociale de l'Angleterre de 1977, exemples :

We're just bored teenagers. Looking for love, or should I say emotional rages... (Bored Teenagers)
What about the new wave? Did you think it would change things ? (Safety in numbers)
Advert illegal, T.V. as outlaw, motive as spell. They'll see the books burn. They'll be 451, (1) It's people against things and not against each other (The Great British Mistake).

Mais il y a tant à découvrir dans ces lyrics : il n'appartient qu'à vous d'allez les chercher dans le vortex réticulaire ! Et sans plus attendre, écoutez cet album, il est toujours vivant !

1- Référence intéressante à "Fahrenheit 451" de Ray Bradbury...

Cette version de "One Chord Wonders" se trouve sur l'album...

T.-R.

mercredi 30 novembre 2011

jeudi 24 novembre 2011

Pere Ubu – La dérive sur une quatre voies

En 1978, j'ai commencé à développer ma passion pour le vinyl et les musiques adverses, de celles qui ne vantent pas les fleurs et les petits oiseaux, sinon dans la veine de Chaval... Et si les premières galettes furent les LP des Clash et des Pistols, j'y adjoignis presque aussitôt le « Young, Loud & Snotty » des Dead Boys et « The Modern Dance » de qui vous savez. Et Richard Hell et ses Voidoids. Bon sang, quel sélection !

L'été même, je décorai au pochoir un T-shirt d'un lettrage Pere Ubu déconstruit, visible sur le verso de la pochette de l'album. A l'époque j'ignorai tellement de choses musicalement parlant : je n'avais aucune conscience de ce qui précédait Pere Ubu, le free  jazz, Beefheart, et Brian Wilson, et même la première incarnation du groupe : Rocket from the Tombs (le genre de nom que vous hésitez à prononcez chez votre belle-mère quand elle vous demande dans quel groupe vous jouez). Et puis les médias n'étaient ni nombreux, ni prolixes par rapport aux évolutions musicales en cours (c'est peu dire !).1

J'étais une page blanche, avec en plus cette envie de tabula rasa qui sied tellement à la jeunesse. The Modern Dance, c'était un truc nouveau, totalement punk, mais autant éloigné de l'Angleterre que la Croix du Sud des cieux septentrionaux ! J'ai immédiatement signé le pacte des non-alignés. A défaut de signer celui des non-aliénés...

Souvenez-vous de cette époque : quelques radios « périphériques » (que cela sonne antédiluvien de nos jours), 3 chaines de télé. Ça ne s'appelle pas le PAF. Nous ne sommes pas dans le pays du rock, mais un type sur France Inter programme Pere Ubu, parce qu'il a sa petite fenêtre, avant l'émission du Pop Club (de José Artur) et que lui, au moins, s'intéresse à ce qui se passe, souvenez-vous, vous dis-je, car il s'agit de Bernard Lenoir, que France Inter a mis de côté en cette belle rentrée 2011. J'ai déjà précisé qu'on ne vit pas dans le pays du rock. Grâce lui soit rendue : il a envoyé Street Waves dans le poste, je fus transfiguré par la voix de David Thomas et le déluge sonore balancé par ses acolytes !

L'ambiance industrielle, l'impression de déshérence, les brusques montées d'adrénaline, les collages sonores, j'écoutais la bande-son parfaite pour Je suis une légende de R. Matheson ! Real World, Laughing, Over my Head, Sentimental Journey, du papier abrasif pour dégrossir ses idées noires. Et du rock pour secouer les murs : le fabuleux Non Alignment Pact, suivi de The Modern Dance, la hargne de Life Stinks ! Enfin, il ne faut pas oublier la dérision, portée par David Thomas et le nom de Pere Ubu : It's just a joke est la phrase qui revient souvent dans Humour Me, chanson qui ferme l'album et les Radiations Chinoises nous paraissent bien décalées : « Il sera le Garde rouge, elle agitera son Livre... ». Révolution culturelle : écoutez maintenant et toujours Pere Ubu. Et n'oubliez pas Alfred Jarry, sans lequel rien de ceci n'aurait été possible ! Et d'ailleurs, renseignez-vous : David Thomas a incarné Père Ubu dans une pièce de théâtre en 2008 : il en est sorti un disque original et décapant !

1- Des années après, une plongée dans une vieille collection de Rock & Folk, me permettra de lire un témoignage relatif à Pere Ubu, vers 1975-1976... David Thomas (Crocus Behemoth à l'époque) y parlait de four lane drifting ou comment passer de la voie de gauche à la voie de droite du périphérique de Cleveland sans trop de casse ! J'y pense à chaque fois que je mets mon clignotant !

Sources : Le Monde (1978-1980) chroniques d'A. Wais (il chroniqua les premiers concerts parisiens de Pere Ubu au Gibus et au Bataclan) - Dictionnaire du Rock (sous la direction de M. Assayas) – Bernard Lenoir (sa fenêtre musicale dans le Pop Club sur France Inter précéda la création de l'émission Feedback (1978), qu'il devait conduire durant de nombreuses années) – Rock & Folk 1975-1976)

dimanche 20 novembre 2011

En prélude à une chronique ubuesque...

David Thomas, chanteur du légendaire groupe Pere Ubu, a incarné Père Ubu dans une pièce de théâtre, adaptée d'Ubu Roi d'Alfred Jarry, et jouée à Londres en 2008. Ci-dessous, un extrait de la bande-son de la pièce avec le visuel projeté en arrière-scène : réjouissez-vous !

vendredi 18 novembre 2011

Pourrait être titré : "Where we left off"

« Mais tant qu'une communauté d'intérêts ne situera pas au centre du savoir les inclinations, les doutes, les tourments, les problèmes que chacun ressent au fil du jour -c'est à dire ce qui compose la part la plus importante de sa vie-, il n'y aura que la morgue et le mépris pour transmettre des messages dont le sens ne nous concerne pas vraiment en tant qu'êtres de désirs. »
Raoul Vaneigem in Avertissement aux écoliers et lycéens [p. 42] – Editions Mille et une Nuits – 1995

Il suffit d'expérimenter ceci une fois pour bien comprendre qu'il n'existe aucun autre moyen d'instiller un peu de savoir contenant une étincelle de vie auprès des nouveaux-venus, qui ne l'oublions pas, nous remplacerons.

dimanche 13 novembre 2011

Doublement barré, Barrett, Syd

 
Et voilà. The madcap laughs. Et s'il est vrai que le fou parle et rigole, il n'abolit pas grand chose de notre monde insensé par son cri et ses accords barrés. Doublement barrés. Syd Barrett : une personnalité. Un artiste, et un être humain, sur lequel beaucoup fondaient de réels espoirs, en deçà et en dehors de Pink Floyd.

Il composa quasiment tout le premier album des Floyd, qui demeure une œuvre remarquable dans le tourbillon des musiques du XXe siècle : « The piper at the gates of dawn ». Un mouvement alternatif entre le psychédélisme teinté de science-fiction et les nursery rhymes qui bercent les petits anglais.

Il est étonnant que peu de gens s'intéressent aux peintures de Mr Barrett, semble-t-il. Que dirait-on s'il s'agissait de Don Van Vliet alias Captain Beefheart, mais c'est aussi une autre histoire, dont nous parlerons le moment venu. Profitant du bateau réticulaire et de son formidable chalut, je choisis ici de montrer une œuvre de Mr Barrett. Esquissée avant que les paradis artificiels ne prélèvent leur dû.

 
Je pense que tout est là. Dans le regard, absent ou observateur, ce grand songe permanent dans lequel commence à dériver l'esprit de Mr Barrett. Cette façon de saisir en quelques traits l'attitude et le mental démontre aussi les capacités de l'artiste. Et sa fragilité. Ses univers féériques ne pouvaient se confronter au monde réel. Il nous reste à écouter cet opus, « The madcap laughs », parsemé de gemmes folk & rock et de souffrance aussi. On en sort souriant et grave, avec un peu de vague à l'âme, peut-être ce que voulait l'artiste ?




T.-R.

Tuxedo Moon - Dessine-moi un costume couleur de lune...


Etrange costume, couleur de lune. Il ne s'agit pas d'une citation de Charles Perrault. Ici, le « Tuxedo » pourrait nous faire penser au jazz, ballades et soirées surannées (Tuxedo junction – How high the moon – The moon was yellow...). Finalement, c'est une ruse, puisque l'écoute de Half-mute nous met face à un OVNI déroutant et captivant à la fois.

Pas de guitares saturées, mais boite à rythme, claviers, saxophone, violon, basse (plutôt mixée dans les médium) qui, entre les mains des musiciens, produisent une musique étrange, contemporaine, mais empruntant au classique, alliant dissonance et mélodies, collages sonores et voix très distanciée... Ah, la voix ! À la limite du cynisme (What use ?), de la fatigue (59 to 1), du constat désabusé (Loneliness, Seven years), du reportage (Seeding the clouds). Seul élément quelque peu humain du disque, avec le saxophone qui agite ses flopées de notes, nous éclaboussant de quelques dissonances au passage, et la bande-son de Seeding the clouds, laquelle fait ronronner des automobiles en fond, genre bruitage...

La pochette de l’album, avec ses références à l'abstraction (Malevitch, Kandinsky, mais aussi Klee...) est aussi la manière dont l'album se donne à voir. Textures, couleurs en dégradés, lignes formant des angles, géométrie non signifiante : carte géographique, d'un pays perceptible en creux, ou dessin d'architecte dont le projet n'arrive pas à émerger ? Ce n'est pas la première fois que peinture et musique coopèrent, s'influencent, définissent un style qui symbolise une époque, mais ici, tout ceci nous fait penser à l'Europe, ce qui est excellent pour un groupe de San Francisco.

S'il fallait un disque pour caractériser la fin des années soixante-dix et l'avènement d'années plus incertaines et risquées, ce pourrait être celui-là : il ne nous donne pas de réponses toutes faites, ne distille pas d'idéologie, nous laisse seul, à remâcher nos doutes et notre perplexité. Comme les signes de la plaine de Nazca, ces géoglyphes, dont on peine à trouver la signification...

Les années passant, Half-Mute s'apprécie d'autant plus qu'il demeure difficile à caractériser. L'emporterait-on sur l'île déserte ? Oui, parce qu'il propose toujours des trames et des paysages qui savent retenir l'attention. Parce que nous sommes loin des modes, du reconnaissable, et qu'il est plaisant, somme toute, d'être ailleurs de temps en temps...




Ah ben tiens ! Y a pas le dico du rock cette fois ?

T.-R. 

samedi 1 octobre 2011

Joy Division : « Tel qui se tue pour une garce fait une expérience plus complète et plus profonde que le héros qui bouleverse le monde. »


Mais Joy Division, le groupe, a, de fait, bouleversé le monde, et son chanteur, Ian Curtis, a réalisé ce que nous dit Cioran, et, en dehors de tout sensationnalisme macabre, ceci fait partie de la légende. Nous voilà très loin de l'univers du rock'n'roll, qui sous-entend, cuir, sueur, solos, et chambre d'hôtel hachées à la tronçonneuse. Nous passons ici le cercle polaire, et restons plutôt du côté obscur de la division boréale annuelle.

La rencontre du groupe et du producteur Martin Hannett sera décisive : ce dernier façonnera le son de Joy Division. Sa manière de travailler (réfrigérer le studio d'enregistrement, créer un climat d'inconfort psychologique pour les musiciens, fragmenter les sons et les retravailler jusqu'à les transformer en artefacts, n'aillant qu'un rapport lointain avec les timbres originels) va créer le phénomène : les deux albums studio de Joy Division ne ressembleront à rien de ce qu'on l'on a pu entendre auparavant.

Unknown pleasures et Closer vont transporter l'auditeur vers des contrées inexplorées : il aura fallu l'alliance d'un chanteur à l'énergie rentrée, très mal dans sa peau, mais ne l'exprimant que dans ses textes et sur scène, et de circonstances telles que le marasme touchant la cité de Manchester allié à l'effervescence punk, pour aboutir à l'alchimie minutieusement construite par Martin Hannett.

La flopée de bootlegs, 45t, maxi 45t, projets de labels qui jalonnent la courte destinée de Joy Division fait aussi partie du « package » : en sortiront l'excellent « Love will tear us apart », le véritable indicatif des années 80, pour peu que l'on se soit branché sur la New wave au moment propice. Et titre Ô combien prophétique concernant la destinée de Ian Curtis !

Une question que certains aimeraient voir poser au bac, en philo : « Les deux albums studio de Joy Division doivent-ils être emportés sur une île déserte ? ». Ne tiendraient-ils pas lieu de la bouteille de rhum et du pistolet chargé, que l'on donnait à celui qu'on abandonnait sur les sables, ou sur une barque, au milieu de l'océan ? Y a-t-il une lueur au bout de ce long cheminement que ponctue la voix grave de Curtis ? Hélas, l'apaisement que l'on peut trouver dans certains titres de Closer n'est que la brève oscillation d'un homme debout au bord d'une falaise.

Après la mort de ce dernier, les anciens de Joy Division animeront les années 80 de leur rythmes mécaniques et synthétiques, sous le nom de New Order : il faudrait un jour faire un article sur cette fascination morbide qui pousse certains à nommer leurs groupes en s'inspirant des heures noirâtres de l'Histoire. Affaire d'image ? Ignorance ? Joy Division a été un tel météore innovant que l'on a oublié la sinistre signification de leur nom... laquelle n'innovait en rien.



Sources : Dictionnaire du rock (Sous la direction de M. Assayas) comme d'habitude / des petits trucs à droite, à gauche, notamment l'opuscule de Jean-François Clément « A band in the decade » paru en 1988/ Le titre de l'article est une citation de Cioran in "Syllogismes de l'amertume" - coll. Idée-Philosophie - Gallimard - 1976 - p. 112

samedi 27 août 2011

Gang of Four : le son mis en quatre


La Bande des quatre vient de faire un retour « grand public » : ils font entendre leur son aux oreilles de beaucoup, sans d'ailleurs que beaucoup sachent de qui il s'agit. En effet, une chanson extraite de leur 1er album Entertainment ! figure dans la bande-son d'une publicité pour Microsoft et sa boite à jeux. Très moderne pour quelque chose datant de 1979 ! Pur cynisme (du groupe) ou pure utilisation marketing (par EMI, Microsoft et consorts) ?

Gang of Four a pratiqué un discours politique subtil, digestion de nombreuses influences puisées chez les théoriciens de la gauche ultra et du situationnisme. Le tout régurgité en un collage de phrases à clés, d'images, l'ensemble enveloppé dans une musique boréale transistorisée, hérissée comme un oursin. Un conseil : trouvez l'album Entertainment ! Ecoutez-le !

La guitare d'Andy Gill est une non-guitare, accouplée à un chant non-mélodique et le liant est une rythmique précise aux articulations saillantes (« funk » est le mot qui revient souvent dans les descriptions : cependant, on peut mettre au défi un amateur de funk d'y trouver son compte, à première écoute bien sûr !). Pensez à un écorché de robot : vous voyez les structures, les câbles, les mouvements spasmodiques, annoncés par les tressautements des gaines en plastique. Ça bouge, mais comment ? Ça tient debout et ça avance : mais comment ?

Natural's not in it, la chanson utilisée par la publicité, propose une introduction de 25 secondes avant l'intervention de Jon King, la voix du groupe. Mais les petits malins du marketing ne pouvaient évidemment pas permettre qu'on entende le texte de la chanson, plutôt caustique vis à vis de la société  de consommation et de ses loisirs ! Donc, au mixage, ils ont couplé l'introduction du titre avec un autre extrait du morceau (situé à 1'47'', quand Andy Gill attaque une variante du riff initial). Et le bla-bla publicitaire prend place sur cette trame. Mais dans nos têtes résonne le texte initial : « The problem of leisure, what to do for pleasure, ideal love, a new purchase, a market of the senses... ». Là où Gang of Four ciselait ses phrases et concluait par « This heaven gives me migraine », la multinationale propose son aspirine et son neuroleptique cathodique.

Il fut dit, sur la radio France Culture, la même année que la sortie de l'album Entertainment! de Gang of Four, une phrase qui convient parfaitement : « La ruse de l'Histoire, c'est que lorsqu'on joue d'un instrument, même si c'est du bruit, il en sort toujours quelque chose .» Une fois que l'enregistrement est réalisé, il échappe un peu, beaucoup même, à ses créateurs. Quelle que soit la radicalité des textes, l'étrangeté de la musique, il sera possible, un jour ou l'autre, d'en récupérer des éléments et de leur faire jouer un autre rôle sur l'échiquier de la consommation. Voilà ce que nous avons sous les yeux : mais pourquoi parler de trahison des acteurs du post-punk ? Hypothèse joyeuse : la Bande des quatre, réunie autour d'une pinte de bière, hilares à l'idée d'avoir refilé à une multinationale leur chanson anticapitaliste. Les fans, hilares également, sachant de toute façon qu'ils n'achèteront pas le produit vanté par la pub. Ils ont mieux à faire que de gesticuler devant leur télé : la briser peut-être...



Sources : France Culture, émission "Nuits magnétiques" 1979 - Le punk, c'était comment déjà ?  / Rip it up and start again, postpunk 1978-1984 – Simon Reynolds – Trad . Ed. Allia 2007 / Gang of Four, notes du CD Entertainment! réédition de 1995 chez EMI

mercredi 24 août 2011

22 Pistepirkko ?

Arriverez-vous à compter tous les points de cette ravissante coccinelle ?

jeudi 14 juillet 2011

Des trucs dont ta mère ne t'a jamais parlé... Wayne County & the Electric Chairs



Au commencement était le Rock'n'roll. Dallas était une petite ville de province, dans l’État de Géorgie, E.-U. Y avait-il là-bas une place pour Wayne ? Certainement pas. Quand on se sent différent, on agit différemment : aussi, New York sera la destination la plus adéquate pour lui. Le New York des années soixante : théâtre expérimental, Andy Warhol, la clique « arty », l'avant-garde provocatrice d'où découlent les tendances des prochaines décennies.

Depuis son enfance, Wayne a eu la sensation d'être trahi par la biologie : de pencher plus du côté féminin que du côté masculin. S'il était né femme, sa vie aurait sans doute été plus facile, mais la nature en ayant décidé autrement, on peut voir toute sa trajectoire, dans les premières années, comme des essais de « gender bending », tentatives impressionnantes, qui feront école auprès de David Bowie, et des New York Dolls.

Pour lui, le rock est un moyen de condenser et de ressortir tout ceci : frustrations, désirs, théâtre, travestissement. Le montrer au spectateur. Wayne County & the Electric Chairs est la face rock du personnage : le combo qu'il s'est choisi pour se propulser sur la scène, atteindre plus de monde, sortir de la confidentialité. Le mouvement punk collera parfaitement à Wayne, musicalement et esthétiquement. L'album The Electric Chairs, malgré la production un peu lisse de Martin Birch, expédie ses brûlots (Out of control, Rock & Roll resurrection, Fuck off, et le traditionnel Max's Kansas City, en version speedée, pour ne citer que ceux-ci).

Les albums suivants montreront un côté plus personnel, voire politique, que purement provocateur. Et surtout, Wayne va réellement changer de genre et devenir Jayne. « Man enough to be a woman » pour résumer une métamorphose qui est tout sauf simple. Car pour ceux qui l'entourent, le caractère de Wayne/Jayne apparaît très instable et difficile à gérer. Des exemples sont donnés notamment par Henry Padovani dans son livre « Secret Police man ». Mais qui d'entre nous, engagé dans une pareille transformation, garderait toute sa tête, tout le temps ?

Son nom désormais inscrit dans l'histoire du rock, Wayne/Jayne County ne doit pas être oublié : pionnier du punk aux Etats-Unis (premier à diffuser les Pistols au Max's Kansas), promoteur du travestissement (New York Dolls), lanceurs d'idées (reprises par Bowie quand ce dernier commença à jouer sur son image androgyne), nous lui devons en fait beaucoup... Et si vous n'êtes pas d'accord, vous savez ce qu'il vous reste à faire !




Sources : Man enough to be a woman par Jayne County w/ Rupert Smith - Serpent's Tail ed. 1995 / notes de la compilation « Rock'n'roll Cleopatra » sur RPM Records 119 - 1993 / Secret Police man par H. Padovani - Flammarion 2006

jeudi 7 juillet 2011

Hüsker Dü : un cirque de métal...



84-85...Je me souviens du lieu : Fnac Montparnasse, rue de Rennes, Paris. Les doigts impatients qui cherchent dans le bac des vinyls. Autre chose. Non pas la première génération New wave, non pas la deuxième génération de punks british. Mais vraiment autre chose. Et voilà, dans mes mains, l'objet : une compilation titrée « Underground hits». Illustration hideuse, parfaite pour la bande-son d'un film d'horreur de série Z !

Mais les noms figurant au dos du disque attirent mon attention : ils appartiennent à la nouvelle scène US, laquelle a digéré la première offensive punk, pour la régurgiter en accélérant tout : tempo, lyrics, attitude, à fond les manettes, comme un wagonnet de mine sur le grand huit ! Jello Biafra, chanteur des Dead Kennedys (1) avait signalé tout ça à notre attention ! Les groupes : Angry Samoans, Youth Brigade, Meatmen, F.U.'s, Government Issue, Adrenalin OD. Belle brochette ! Ils deviendront des légendes, en bien comme en mal, d'ailleurs !

Et parmi eux Hüsker Dü, de Minneapolis, Ma, avec deux morceaux : la claque ! Je n'ai jamais entendu rien de semblable avant !Voix urgente, tempo furieux, accords & solos envoyés comme les étincelles d'une meuleuse d'angle : Deadly skies et Lifeline. Après écoute, les Hüskers devinrent mes dieux. Et le sont encore. Même si le groupe, on l'imagine fort bien, a disparu depuis longtemps.

Ces deux titres étaient extraits du EP « Metal Circus », soit 7 morceaux qui tournent en 45t sur un format de maxi. Une œuvre certes bourrée d'énergie bouillante, mais déjà très mature du point de vue du son et du propos, s'éloignant du Hardcore-punk quelque peu boyscout qui commence, à l'époque, à envahir les États-Unis, de Boston à SF.

La névrose sociale pointe le bout de son nez, le disque s'ouvre par Real World, une chanson quasi-réactionnaire, exprimant le refus d'un anarchisme de bazar (I don't practice what you preach and I won't see through your eyes), puis Deadly Skies (les manifestants ne savent pas ce qu'ils disent, et attendent que la télé soit là pour filmer), It's not funny anymore (tu peux faire ce que tu veux, ça n'a plus aucune importance), First of the last calls (perdition dans l'alcool, un mur de bouteilles, un homme seul ne pourra toutes les boire : les bouteilles gagneront la guerre, encore une fois...). Face B : Lifeline, Diane, Out on a limb : trois titres qui sont une plongée dans l'angoisse, la corde qui pourrait sauver glisse, les mains ne peuvent l'agripper, la branche casse, un rôdeur commet l'irréparable... Évidemment, tout ceci ne respire pas la joie de vivre !

Mais en janvier 83, dans l'Amérique de Reagan, de quelle joie de vivre peut-on se prévaloir ? Des pans entiers de l'économie ferment, les aides sociales sont supprimées, les SDF se comptent par dizaine de milliers dans les grandes villes, et la minuscule fraction de la jeunesse qui se lance dans les rythmes sauvages du Hardcore est le reflet de la société de l'époque : elle cherche une alternative, mais n'a aucun moyen de le faire politiquement. Elle fait entendre sa voix, dans la distorsion, elle rend compte, témoigne, enregistre, se perd aussi... « On ne sait jamais où mène une révolte... » disait J.-F. Bizot, feu directeur d'Actuel : cette révolte là mérite reconnaissance, même si elle n'a mené à rien de très tangible et qu'elle demeure très cryptique, pour le commun des citoyens. On ne m'empêchera pas de penser que ceci a plus de valeur qu'un apéro-Facebook...


  1. Sur l'insert de la compilation « Let them eat jellybeans » 1981, on trouvait une liste non exhaustive de groupes et individus caractérisés comme la nouvelle tendance de la scène punk US (To put it mildly this is the tip of the iceberg - disait Jello Biafra à ce moment...).

Sources : almanach Actuel 1978 (Article de JF Bizot) – Dictionnaire du rock (Sous la direction de M. Assayas - Edition Robert Laffont 2000  / American hardcore, a tribal history – S. Blush - Feral House 2001

mardi 5 juillet 2011

"I wipe the dead spider
off the statue's lips..."

Gregory Corso in Long live man (Corso - Sentiments élégiaques américains - Bourgois, 1977)

samedi 2 juillet 2011

Talking Heads : les aventuriers du centrisme-punk

Assurément, lorsque trois étudiants d'une école d'Arts (de Rhodes Island – Nouvelle Angleterre – E.- U.), plus un étudiant diplômé de Harvard (Cambridge – Massachussets - E.- U.) fondent un groupe de rock, on peut s'attendre à un premier opus sortant de l'ordinaire.
Plantons le décor : nous sommes en 1975, à New York et ses environs. Issus de la soupe primitive d'où émergera le courant artistique « punk », les Talking Heads se donnent une ligne de conduite « anti-showbiz, anti-arrogant, anti-glitter », caractérisée par leur apparence B.C.B.G.
En fait de Nouvelle Vague, on pourrait dire « surtout, pas de vagues » ! Ils créent une musique où les instrument habituels du rock'n'roll -guitare, basse, batterie- sont utilisés de façon formelle mais désuète, avec professionnalisme, à contretemps d'un rock révolté, qui, à l'époque, gronde et déborde de clubs tels que le CBGB.
Complètement décalés, ils vont faire leur chemin, se produisant dans les mêmes lieux que les Ramones, et au côté d'individualités remarquables comme Patti Smith, Tom Verlaine, Richard Hell. Tellement New Wave que les thuriféraires du punk prendront des distances avec eux. Décidément trop propres, trop « yuppies » pour représenter le même milieu urbain et noirâtre, saturé et déglingué, que les purs serviteurs du rock'n'roll en cuir !
Et leur album ? Il s'intitule « 77 », année punk de référence, et il ne l'est pas, évidemment. La voix haut perchée de David Byrne, le guitariste, qui écrit la plupart des chansons du groupe, va enchainer les 11 titres du LP, avec pour sujet de prédilection ses sensations, affects, bribes de réflexion, sentiments, questionnements personnels et déclarations d'intention. Inutile de préciser que cet univers auto-centré est à mille lieues de celui de la faune new-yorkaise se réclamant des Stooges et du Velvet Underground. Byrne invente ici une sorte de « centrisme-punk » qui fera peu à peu école.
L'album dispose d'un tube planétaire : « Psycho killer », matraqué par les radios à l'époque, et qui lançe réellement le groupe : du coup, les autres titres sombrent dans l'oubli, alors qu'ils caractérisent beaucoup mieux la démarche des Talking Heads, qui n'est pas celle de VRP œuvrant pour le bien-être individuel, mais suinte d'une ironie étonnante-détonante, vu le contexte Américain... « Uh Oh love comes to town », « New feeling », « No compassion », « Don't worry about the government » n'auront pas droit au repêchage. Du moins, pas tout de suite : 30 ans après, nombreux sont les groupes influencés par cette pop étrange et rythmée, rythmique funk sur guitares incisives, et décalage contrôlé.
Le deuxième album viendra vite, et sera dans la même veine que le premier : le tube en sera « Take me to the river », une reprise de Al Green. Mais le joyau sera le troisième album du groupe, « Fear of music », que l'on peut sans crainte emmener sur l'île déserte. On en reparlera.

Sources : Le Monde (1977-1978) chroniques de A. Wais - Newsweek, 09-4-78 : Article "Straight talk" de Tony Schwartz- Please kill me de Legs Mc Neil, Penguin Books 1996- NY Times book review, july 28, 1996 – Dictionnaire du Rock (sous la direction de M. Assayas) Editions Robert Laffont, 2000

T.-R.

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T.-R.  2013



Ce lien amène à la chanson "Don't worry about the government"
Une pépite à réhabiliter !




dimanche 26 juin 2011

Car il faut un début... Hélas !

"Je ne fais rien, c'est entendu. mais je vois les heures passer - ce qui vaut mieux que d'essayer de les remplir." [Cioran in De l'inconvénient d'être né - Ed. Gallimard - Idées - p.10 - 1983]
Mais je trahirai.