jeudi 1 janvier 2015

Little Zomki : chaîne (stéréo) des Puys



Little Zomki est un duo dont le tag posé sur Bandcamp nous révèle qu’ils font du folk, acoustique comme il se doit, mais, car il y a un mais, la liste des reprises auxquelles ils s’attaquent nous prouve que le binôme a des accointances avec la bande-son de nos chroniques musicales, sans pour autant négliger l’aventure : une reprise de Gainsbourg, un titre des Violent Femmes, un clin d’œil à Coluche, par exemple.

Le résultat, eh bien, écoutez donc ! Mieux, chantez avec eux ! Prenez votre guitare, la contrebassine du grand frère, et que les murs résonnent enfin pour quelque chose !




Vos morceaux favoris sont tous là ; il est permis de danser, de hocher la tête, d’actionner doctement son petit doigt, d’acquiescer à la démarche. Lux Interior serait d’accord, n’en doutez pas ! Découvrez tout ceci en allant sur l'adresse laissée en fin de chronique.

Vous démarrerez 2015 en fredonnant toutes ces ritournelles sorties brut de décoffrage par Little Zomki ! Même si je n’ai pas d’ordre à vous donner, bien sûr…







jeudi 25 décembre 2014

76 % Uncertain : nothing but love songs



Commençant à écrire sur ce groupe du Connecticut, un peu oublié dans l’histoire du hardcore-punk Etasunien, je me disais qu’ayant rippé leur vinyl « Nothing but love songs » sorti chez Shmegma Records en 1985, j’allais le placer sur la toile pour qu’il soit téléchargeable.

Mais ce modeste blog n’a pas pour but d’être un site de téléchargement car de toute façon, sur la toile, on peut largement aller chercher et écouter ce que l’on souhaite, tant de choses ayant été agrégées de l’Atlantique à… plus à l’Est pendant les vingt dernières années ! ¹

À l’écoute, les 76 % Uncertain démontrent sur ce court LP une vocation certaine à envoyer à cent à l’heure des morceaux complexes (cassures de rythme, passages acrobatiques) poinçonnés de soli non-métal ² de bon aloi, sans qu’on puisse les comparer à d’autres familiers du genre (Victims Family ou Th’Inbred par exemple), et pour conclure, de bons petits gimmicks parsèment l’ensemble. Bill, le batteur du groupe, se démène comme un virtuose : excellent !

L’album étant sorti avec les paroles imprimées sur un encart, on repère vite dans les chansons les thèmes favoris du HC-punk : révolte (par rapport à la justice, la course au dollar ou à la célébrité), constat désabusé sur l’état de la scène musicale locale, appel à plus de conscience individuelle, envie d’un « punk éclairé » quoi… Les Uniques à la recherche de leur… propriété ! ³ Ceci dit, on en était tous au même point à l’époque : pas sûr qu’une évolution se soit produite depuis.

Mon tiercé gagnant : same results, justice for all, no way, à écouter sans modération ! Et si par le plus grand des hasards, cet album arrive jusqu’à une platine qui n’a pas été jetée aux orties dans les années quatre-vingt-dix, il faut noter que sur la face 2 du vinyl, le quatrième morceau est une reprise des Electric Prunes : (I had) too much to dream (last night). 4

¹ Une armée de très méchants pirates passe des nuits blanches à transformer toutes les musiques jamais enregistrées en fichiers numériques compressés. De valeureux chevaliers blancs de l’industrie discographique mondiale nous disent que cette pratique s’apparente au mal absolu : pour leurs profits, certainement.


²  Non pas que je n’aime pas le métal, mais bon, les soli qui durent des plombes n’ont pas toujours un grand intérêt, on a déjà donné dans le genre...

³ http://classiques.uqac.ca/classiques/stirner_max/stirner_max.html  Vous pouvez éventuellement aller grappiller un peu de Max Stirner à cette adresse. 
4  Cette chanson, les Electric Prunes ne l’ont pas composée, mais ont cartonné avec ! Plus tard, Wayne / Jayne County*  l’a aussi reprise…



Allez, c'est parti pour 2'09 de bonheur !

samedi 1 novembre 2014

The Zero Boys : pas tout à fait partis de zéro, et qui s’en soucie réellement ?






Totale admiration pour les Zero Boys : ils sont, avec ce disque, l’incarnation du Hardcore US « in its heydays » ! Écoutez et jugez-en un peu : chaque chanson est un hymne (de Vicious Circle, le magistral coup de pied au cul qui ouvre le disque, à Living in the 80’s), le tempo ne se relâche que fort peu, tout est souple, nerveux, rapide, enlevé. La basse égrène des volées de notes telles que la guitare est libre de tapisser ses accords et ses soli dans tous les coins du stand de tir !

Ca dépote et c’est générationnel : la voix de Paul Mahern est tout à tour colérique et cynique, prouvant que les leçons des Pistols, comme des Clash, ont bien été retenues. Générationnel : bien sûr, car la voix jeune et éraillée incarne complètement l’esprit punk-hardcore du début des années quatre-vingts.



Et si cette modeste chronique est titrée : « pas tout à fait partis de zéro », c’est que, et on pourrait le deviner en écoutant attentivement ce magnifique LP, bassiste, batteur et guitariste sont loin d’être des débutants. Ils font plus qu’assurer : ils jouent avec maestria, maîtrisent la tempête, offrent un vaisseau de guerre aux textes enflammés, punk, révoltés, envoyés par le jeune (à l’époque) Paul !

Comme quasiment tous les groupes de ces années, les Zero Boys ont assez rapidement raccroché les gants, comme si leur énergie les avait entièrement consumés en quelques dizaines de titres rageurs. Cependant, comme dans « 20 ans après » d’Alexandre Dumas, les Zero Boys sont réapparus, avec deux membres du groupe originel, reprenant la route du studio, et celle des scènes, toutes disposées à accueillir des héros-vétérans d’une tornade musicale venue d’un passé pas si lointain.





21e siècle : voici le temps du hardcore-phénix, celui qui renaît de ses cendres. Quand trop de jeunes groupes sont des copies conformes du passé, les fans préfèrent encore goûter aux originaux, même si les cheveux grisonnent, et que les embonpoints se cachent mal derrière les T-shirts !

 Mais sortons du lieu commun « être et avoir été » : le vinyl des Zero Boys sera toujours là sur la platine, pour nous envoyer un « Vicious circle » dont on n’est pas près de sortir ! 


 

dimanche 5 janvier 2014

Quant au vieux monde, vous savez ce qu'on lui souhaite !

Car la reproduction d'un exemplaire de L'anarchie, daté du jeudi 27 décembre 1906, nous donnait quelques lignes d'un texte de Libertad qui ne se trouve pas dans le livre  Le culte de la charogne paru aux éditions Galilée en 1976...
Ce texte, le voici :

 
Ah ! Ah ! C’est le jour de l’an !
La voix claire de l’enfant et la voix cassée du vieillard entonnent la même ballade : la ballade des vœux et souhaits.
L’ouvrier à son patron, le débiteur à son créancier, le locataire à son propriétaire disent la ritournelle de la bonne et heureuse année. Le pauvre et la pauvresse s’en vont par les rues chanter la complainte de la longue vie.
Ah ! Ah ! C’est le jour de l’an !
Il faut que l’on rie ! Il faut que l’on se réjouisse. Que toutes les figures prennent un air de fête. Que toutes les lèvres laissent échapper les meilleurs souhaits. Que sur toutes les faces se dessine le rictus de la joie.
C’est le jour du mensonge officiel, de l’hypocrisie sociale, de la charité pharisienne. C’est le jour du vernis et du convenu.
Les faces s’illuminent et les maisons s’éclairent ! Et l’estomac est noir et la maison est vide. Tout est apparent, tout est façade, tout est leurre, tout est tromperie ! La main qui vous accueille est un rictus ou une grimace. Le souhait qui vous reçoit est un blasphème ou une moquerie.
Dans la curée âpre des appétits, c’est l’armistice, c’est la trêve. Dans l’âpre curée des batailles, c’est le jour de l’an.
On entend l’écho qui répète la voix du canon et qui redit le sifflet de l’usine. La mitrailleuse fume encore et encore ; la chaudière laisse échapper la vapeur. L’ambulance regorge de blessés et l’hôpital refuse des malades. L’obus a ouvert ce ventre et la machine à couper ce bras. Les crimes des mères, les pleurs des enfants font retentir à nos oreilles l’affreuse mélodie de la douleur, toujours la même.
Le drapeau blanc flotte : c’est l’armistice, c’est la trêve, pour une heure et pour un jour, les mains se tendent, les faces se sourient, les lèvres bégaient des mots d’amitié : ricanements d’hypocrisie et de mensonges.
Bonne vie à toi, propriétaire qui me jettera sur le pavé de la ville sans t’occuper du froid ou de l’averse ?
Bonne vie à toi patron qui me diminua ces jours derniers, parce que faiblissait mon corps après la dure maladie que je contractai à ton service ?
Bonne vie, bonne année à vous tous, boulangers, épiciers, débitants qui enserraient ma misère de vos péages honteux et qui tenaient commerce de chacun de mes besoins, de chacun de mes désirs.
Et bonne vie et bonne santé à tous, mâles et femelles, lâchés à travers la civilisation : bonne année à toi, ouvrier honnête, à toi, maquereau régulier, à toi, catalogué du mariage, à toi, inscrit aux livres de police, à vous tous dont chacun des gestes, chacun des pas est un geste et un pas contre ma liberté, contre mon individualité ?
Ah ! Ah ! bonne vie et bonne santé ?
Vous voulez des vœux, en voilà.
Que crève le propriétaire qui détient la place où j’étends mes membres et qui me vend l’air que je respire !
Que crève le patron qui, de longues heures, fait passer la charrue de ses exigences sur le champ de mon corps.
Que crèvent ces loups âpres à la curée qui prélèvent la dîme sur mon coucher, mon repos, mes besoins, trompant mon esprit et empoisonnant mon corps !
Que crèvent les catalogués de tous sexes avec qui les désirs humains ne se satisfont que contre promesses, fidélités, argent ou platitudes !
Que crève l’officier qui commande le meurtre et le soldat qui lui obéit ; que crève le député qui fait la loi et l’électeur qui fait le député !
Que crève le riche qui s’accapare une si large part du butin social, mais que crève surtout l’imbécile qui prépare sa pâtée.
Ah ! Ah ! C’est le jour de l’an !
Regardez autour de vous. Vous sentez plus vivant que jamais le mensonge social. Le plus simple d’entre vous devine partout l’hypocrisie gluante des rapports sociaux. Le faux apparaît à tout pas. Ce jour-là, c’est la répétition de tous les autres jours de l’an. La vie actuelle n’est faite que de mensonge et de leurre. Les hommes sont en perpétuelle bataille. Les pauvres se baladent du sourire de la concierge au rictus du bistrot et les riches de l’obséquiosité du laquais aux flatteries de la courtisane. Face glabres et masques de joie.
La caresse de la putain a comme équivalent le sourire de la femme mariée. Et la défense du maquereau est pareille à la protection de l’époux. Truquages et intérêts.
Pour que nous puissions chanter la vie, un jour, en toute vérité, il faut, disons-le bien hautement, laisser le convenu et faire un âpre souhait :
Que crève le vieux monde avec son hypocrisie, sa morale, ses préjugés qui empoisonnent l’air et empêchent de respirer.
Que les hommes décident tout à coup de dire ce qu’ils pensent. Faisons un jour de l’an où l’on ne se fera pas de vœux et de souhaits mensongers, mais où, au contraire, on videra sa pensée à la face de tous.
Ce jour-là, les hommes comprendront qu’il n’est véritablement pas possible de vivre dans une pareille atmosphère de lutte et d’antagonismes. Ils chercheront à vivre d’autre façon. Ils voudront connaître les idées, les choses et les hommes qui les empêchent de venir à plus de bonheur. La Propriété, la Patrie, les Dieux, l’Honneur courront risque d’être jetés à l’égout avec ceux qui vivent de ces puanteurs.
Et sera universel ce souhait qui semble si méchant et qui est pourtant rempli de douceur :
Que crève donc le vieux monde !

 Merci à l'honnête cambrioleur d'avoir publié ceci. *

De la nécessité d'être libertaire... Quand les perfides corsets se relâchent, profiter de l'instant...

mardi 22 octobre 2013

Bref retour vers Brötzmann & Laswell : Low Life


Comme si n'en saviez déjà pas assez sur les deux compères dont il a été question dans l'article précédent ! Voici donc un duo qui n'a rien à voir avec tous les duos qui surgirent de droite et de gauche ces dernières années, puisqu'il ne s'agit ni de rock, ni de country, ni d'électro et tutti quanti (mais ceci n'est en rien une critique, bien sûr !).

Nous avons là un travail sur le son, avec force overdubs de basse et coulées de saxophone, plaintes et grincements improvisés, le tout restant comme on l'imagine aisément (surtout en sortant d'une bonne écoute de Last Exit !) assez brut de fonderie, même si du delay s'ajoute ici ou là, en un rythme claudiquant.


 
L'intention d'un side-project comme Low Life demeure la même depuis que l'art contemporain, en musique ou ailleurs, est ce qu'il est : la musique n'a pas à être prisonnière du beau, des formalités quotidiennes et n'a pas à être au service de qui ou quoi que ce soit 1.

L'objectif pourrait être une certaine idée de la liberté, si les mots avaient encore un sens, mais le 20e siècle a terni tout ça, le verni s'est écaillé. Ici, des individus s'autorisent une sorte de production sonore libre, qui n'est pas du bruit (mais on le devine tapis derrière les impulsions des doigts et les prises de souffle, une possibilité pour l'éveil), et qui n'est pas la musique que le quidam du 21e siècle attend !
 




Il paraît évident que cette tentative restera encore bien longtemps enterrée sous la production de masse que l'on nous vend à longueur d'écrans plats 2.

Que cela ne vous empêche pas d'écouter et de découvrir que, derrière les envolées angoissantes du saxophone de Peter Brötzmann et les martèlements des cordes produits par Bill Laswell, c'est une pulsion de vie qui se cogne la tête contre les barreaux de la cage.

 
1- Mais certes, il existe un « art actuel » veule et marchand. Rattachons-nous à cette citation d'Arnold Schönberg : « My music is not lovely ». Toutes proportions gardées, Low Life n'est pas « lovely » !
2- « I'm buried deep in mass production » : pour le coup, c'est une citation tirée de l'album « The Idiot » qu'Iggy Pop sortit en 1977, avec l'aide « massive » de David Bowie...



Death Rattle : vos oreilles doivent servir à quelque chose !

jeudi 12 septembre 2013

Bref tour sur une route de fer... Last Exit – Iron Path + Cassette Recordings 1987

Que faire quand un monolithe du genre d'Iron Path arrive sur la platine ? Dans un premier temps, on peut trouver le son de cet album relativement propre (et produit ! Mais n'est-ce pas le métier de Bill Laswell ?). Bon, en mettant le volume plus fort, on peut se faire une idée de la bande de magnifiques sauvages auxquels on a affaire ! Last exit ! Dernière sortie ? Dernière chance de raccrocher les wagons au train de la liberté...


Le panorama apparaît clairement lorsque l'aiguille du tourne-disque affronte « Lines of fire » du LP Cassette Recordings ! L'improvisation prend toute la face A et après, on peut sereinement reprendre l'écoute de l'autre album.

Trois vieux briscards du jazz-free (Ronald Shannon Jackson, Sonny Sharrock, Peter Brötzmann) associés au controversé (à l'époque – années 80-90) producteur-bassiste Bill Laswell, unis pour le meilleur et pour... proposer l'apocalypse murale, torrentielle, asociale (pour certains !) de leur musique. Déboulonnage de la tonalité, liberté du souffle, vibration sourde, remixé... L'underground peut-il tout ? N'oublions pas Dolphy, Coleman, Coltrane !

Le free (jazz) ne tirera jamais sa révérence : le sax en liberté de P. Brötzmann, la guitare impulsive de Sonny Sharrock, la basse tellurique de Bill Laswell, et le magnifique jeu de batterie de Ronald Shannon Jackson, captés dans leur improvisation, jamais domptés, toujours là où on les attend le moins, laissant l'auditeur pris au filet d'une transe inattendue, ne nous quitterons plus.

Symptôme : dès que R. Shannon Jackson attaque un rythme quelque peu « droit », les spectateurs manifestent, reprennent leur respiration, sifflent leur admiration. Puis le maelström reprend, et, logiquement, tout le monde est de nouveau collé au fauteuil !

Un blues venu du tréfonds des amplis peut surgir nous apostropher (Line of Fire, Big Boss Man). Des nappes de son peuvent nous envelopper et se résoudre en interpellation dictée par une batterie foisonnante (Prayer). Contrepied intéressant, le titre Iron Path s’avère plus méditatif ! Les morceaux de l'album Iron Path recèlent ainsi des trésors qu'il faut aller dénicher (clameurs et pépiements d'oiseaux sur The Fire Drum, qui par ailleurs se révèle être un blues épais comme le limon d'un grand fleuve !). Cependant, je ne vous détaillerai pas l'ensemble de l’œuvre... Car maintenant c'est à vous d'effectuer un grand pas vers un univers libre ! Ouvrez vos oreilles, laissez-vous gagner par l'exigence, rendez hommage au grand guitariste qu'était Sonny Sharrock : écoutez Last Exit !
 

 Un lien vers l'album Iron Path, mais les prestations scéniques
sont aussi à découvrir !


Et le troisième album, évoqué en juillet, direz-vous ? Bon, d'ici la fin du mois, vous verrez ce que peut la technique de Bill Laswell, alliée au saxophone vintage de Peter Brötzmann !


dimanche 21 juillet 2013

Pour septembre, ce sera Last Exit !

Nous nous poserons la question de savoir si l’underground peut tout.... Mais il faudra attendre quelques semaines ! Pour patienter,  je peux vous dire qu'il sera question de ce groupe (deux albums) et d'une collaboration entre deux éléments de ce groupe (un troisième LP donc).


Trois vinyles dans une chronique ? La rentrée sera free !