mardi 22 octobre 2013

Bref retour vers Brötzmann & Laswell : Low Life


Comme si n'en saviez déjà pas assez sur les deux compères dont il a été question dans l'article précédent ! Voici donc un duo qui n'a rien à voir avec tous les duos qui surgirent de droite et de gauche ces dernières années, puisqu'il ne s'agit ni de rock, ni de country, ni d'électro et tutti quanti (mais ceci n'est en rien une critique, bien sûr !).

Nous avons là un travail sur le son, avec force overdubs de basse et coulées de saxophone, plaintes et grincements improvisés, le tout restant comme on l'imagine aisément (surtout en sortant d'une bonne écoute de Last Exit !) assez brut de fonderie, même si du delay s'ajoute ici ou là, en un rythme claudiquant.


 
L'intention d'un side-project comme Low Life demeure la même depuis que l'art contemporain, en musique ou ailleurs, est ce qu'il est : la musique n'a pas à être prisonnière du beau, des formalités quotidiennes et n'a pas à être au service de qui ou quoi que ce soit 1.

L'objectif pourrait être une certaine idée de la liberté, si les mots avaient encore un sens, mais le 20e siècle a terni tout ça, le verni s'est écaillé. Ici, des individus s'autorisent une sorte de production sonore libre, qui n'est pas du bruit (mais on le devine tapis derrière les impulsions des doigts et les prises de souffle, une possibilité pour l'éveil), et qui n'est pas la musique que le quidam du 21e siècle attend !
 




Il paraît évident que cette tentative restera encore bien longtemps enterrée sous la production de masse que l'on nous vend à longueur d'écrans plats 2.

Que cela ne vous empêche pas d'écouter et de découvrir que, derrière les envolées angoissantes du saxophone de Peter Brötzmann et les martèlements des cordes produits par Bill Laswell, c'est une pulsion de vie qui se cogne la tête contre les barreaux de la cage.

 
1- Mais certes, il existe un « art actuel » veule et marchand. Rattachons-nous à cette citation d'Arnold Schönberg : « My music is not lovely ». Toutes proportions gardées, Low Life n'est pas « lovely » !
2- « I'm buried deep in mass production » : pour le coup, c'est une citation tirée de l'album « The Idiot » qu'Iggy Pop sortit en 1977, avec l'aide « massive » de David Bowie...



Death Rattle : vos oreilles doivent servir à quelque chose !